Vengeance, oppression, déportation, l’éternel retour du même participe-t-il d’un naufrage annoncé ? Le théâtre permet-il une métanoïa au sens véritable de « retournement » ?
Mise en scène et adaptation de The Buddha in the Attic de Julie Otsuka, par Richard Brunel avec, entre autres, Natalie Dessay.
Création Avignon 2018
15-25 janvier 2019 Théâtre des Quartiers d'Ivry
(Photo de Christophe Raynaud Delage)
Certaines n’avaient jamais vu la mer, mise en scène et adaptation de The Buddha in the Attic de Julie Otsuka, par Richard Brunel avec, entre autres, Natalie Dessay.
Richard Brunel s'empare du roman de Julie Otsuka et révèle le destin tragique de milliers de jeunes Japonaises fuyant aux États-Unis pour rejoindre leurs compatriotes exilés dont les lettres promettaient le paradis et le mariage. Ils les violeront. « En se moquant bien de nous faire mal ». Elles finiront esclaves chez de riches Américains ou aux champs. Désespérées, ne parlant pas la langue, elles survivront, feront des enfants américains ignorants de leur culture d'origine. Après Pearl Harbour, elles seront envoyées dans des camps avec tous les Japonais désormais suspects. Face à ces petites Antigone, une Américaine symbolise tous les Créon du Nouveau Monde qui vivent et pensent différemment. Le tabou est levé, la parole libérée, révélé un pan ignoré aujourd'hui encore des livres d'histoire. Le devoir de mémoire donne vie à ces déportées anonymes oubliées, en une incantation lyrique digne d'une tragédie grecque. Le quotidien tragique confine au sublime sans pathos. C'est grand, émouvant.
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