Thyeste, de Sénèque, traduction Florence Dupont, mise en scène Thomas Jolly, La Piccola familia,
La Villette 26 novembre-1er décembre 2018
Création Avignon 2018
(photo De Lage)
Thyeste, de Sénèque, traduction Florence Dupont, mise en scène Thomas Jolly, La Piccola familia
Les jumeaux Atrée et Thyeste se disputent le trône d’Argos qui, selon Jupiter, doit revenir au possesseur du bélier d’or. Pour s’emparer du bélier d’Atrée Thyeste séduit son épouse. Jupiter furieux ordonne au Soleil de faire demi-tour. Le choix de la Cour d'honneur n'est pas innocent, où la nuit fond sur le théâtre, où le mistral souffle sur la tragédie du monde. La pièce la plus sanglante de Sénèque représente l'irreprésentable, l’humanité s’entredévorant quand Atrée tue les fils de Thyeste et les lui donne à manger. Elle atteint son immonde acmé avec la stupéfaction de Thyeste devant l'inconcevable repas et dénonce la vengeance venue de la nuit des temps, celle de Caïn et Abel, Israël et Ismaël et leur corollaire, la Shoah. Quand la douleur et la rage poussent à l'ultime violence, l’homme, perdant sa condition d'homme, se métamorphose en monstre, celui qui est « montré », et bouleverse l'ordre du monde. L’attentat à l'humanité atteste que nous sommes mauvais. Rejoignant notre contemporanéité et notre brûlante actualité, le mythe dit l'inquiétude pour les générations qui suivent les génocides et l'effondrement des valeurs. Les enfants à venir, incarnés par les maîtrises de l'Opéra-comique et de l'Opéra d'Avignon, devront vivre dans le chaos, loin de la lumière du soleil.
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